Lundi 13 avril 2020
Par Eulalie le lundi 13 avril 2020, 23:24 - Journal d'une blonde - Lien permanent
J’avais mis de côté un petit flacon de gel hydroalcoolique et un masque neuf acheté au Japon en janvier 2018 en prévision du train que je prendrais ce jour là pour rejoindre enfin la Normandie. Je me disais que le voyage serait stressant et désagréable, mais je savais le soulagement de la première grande bouffée d’air dès le pied posé sur le quai de la gare. L’odeur du sable et du sel. Le vent sur ma peau et l’air dans mes poumons, comme une invitation à se remettre en état de fonctionnement, à réveiller le corps et le cerveau. Reprendre la vie là où elle a été mise en pause. Évidemment, dans mes pensées, ce jour était ensoleillé et doux, les fleurs embaumaient dans mes bras clos et depuis le cimetière, la vue sur la mer.
Le temps passant, j’ai commencé à espérer fin avril, jusqu’à nourrir une certitude, comme un phare dans ce deuil nébuleux, avant de pouvoir serrer dans mes bras ma mère, ma sœur, ma famille, sentir leurs parfums, lever nos coupes, évoquer des souvenirs, regarder des photos, pleurer et rire ensemble.
11 mai.
Ces dernières journées sont passées plutôt vite, même si trop se terminent à 4h ou 5h du matin. Mais encore un mois à attendre, suspendus dans cet état irréel, … est-ce que l’air sera encore en mesure de me réanimer ? Cette date me semble si lointaine.
Je veux bien troquer ce jour ensoleillé et doux contre la tempête, le froid et la grêle, pourvu qu’il arrive enfin et que je sois en mesure d'accueillir cet air qui me manque tant.