Biscuit, established in 1980, Kakunodate
Par Eulalie le lundi 24 février 2020, 09:45 - Journal du Japon - Lien permanent
C’était évidemment un mauvais calcul d’essayer de rallier l’hôtel depuis la gare sous la pluie. Quand elle a redoublé, il était trop tard pour revenir sur nos pas prendre un taxi. Nous sommes rentrés rapidement dans le premier café : « Biscuit, established in 1980 ». Mon année de naissance devient un gage sérieux de longévité ; cette information me donne envie de m’acheter une crème pour le contour des yeux et de rédiger des alexandrins désespérés sur la fuite du temps. La petite pièce est meublée de bric et de broc. Ici, des volumineuses piles de journaux et de magazines hors d’âge. Là, une étagère en bois, remplie de livres et de bibelots hétéroclites, à laquelle sont suspendus divers outils et du matériel d’escalade et de pêche. Ce n’est pas un simple commerce dont nous avons poussé la porte, c’est un véritable lieu de vie, personnel, bordélique.
La conversation battait son plein quand, deux minutes après notre arrivée, j’ai osé un timide « sumimasen ? ». Pépé est apparu par la porte de la remise, s’est précipité vers un chauffage à résistance électrique qu’il a rapidement branché à côté de l’une des deux seules tables qui n’était pas envahie de bricoles en tout genre. C’était bon de se réchauffer les pieds.
Je pensais que ça ne pouvait pas être mieux, et pépé est revenu dans la pièce avec sa mère. Minuscule, voûtée, elle s’est assise au bar pendant que son fiston s’affairait à la préparation de nos chocolats chauds. Il essayait de lui faire essuyer des verres, mais elle était bien plus intéressée par les morceaux de sucre en libre service que par le torchon.
Pas de photo de cet endroit, cela m’aurait donné l’impression de voler leur intimité.