Anonymes, 11
Par Eulalie le jeudi 5 février 2015, 18:28 - Anonymes - Lien permanent
Il est entré dans la pièce comme s’il possédait l’immeuble.
Il porte un pantalon fluide, une chemise claire, un pull bleu marine de bonne facture au col rond. Il a un regard durci par de larges cernes et ses fins cheveux bruns commencent à se désintéresser de ses tempes et du haut de son crâne.
Il s’assied. L’atelier commence.
Son téléphone dernier cri, posé devant lui, bien en vue sur la table dénuée par ailleurs de bloc, cahier ou autre stylo, vibre de toutes ses forces. Il prend un air absorbé lorsqu’il répond à ses messages.
Il coupe beaucoup la parole en prenant un air éclairé –mais il ne fait en vérité que reformuler ce qui vient d’être dit ou sous-entendu. Il distrait ses voisins en partageant ses opinions, sans prendre la peine d’écouter le retour d’expériences de l’intervenant ou des autres participants.
Quand il n’a rien à dire, il s’agite sur sa chaise, s’adosse en étirant ses membres, écarte les jambes, relève ses bras et croise ses doigts derrière sa tête. Il baille bruyamment, ostensiblement, sans nous épargner la vue de ses amygdales.
À 12h30, alors que l’intervenant principal était au milieu d’une phrase, il s’est rué sur la porte.
Il avait un « déj’ », vous voyez.
Commentaires
toujours là, toujours la même et pourtant.... jamais défraichie.
bises.
Continue comme ça et tu vas nous faire du La Bruyère.
Bises.
P.-S. : tu n'as toujours pas de poney de fonction ?
Pseudo, heyyy, je suis un peu jeune, encore, pour être défraîchie ! Bisous ;)
Philippe, tiens, je ne les ai jamais lus, ces Caractères... Je vais me pencher sur cet oubli !
(Non, maintenant je voudrais un tapis volant... ou une balançoire !)
BONNE FETE FELIX !
Bises.
Et joyeuse Saint Valentin les tourtereaux !
Par contre, pour ton tapis volant, je me suis renseigné, ça ne va pas être possible. La dernière usine qui en fabriquait à Bagdad a été bombardée par les Américains en 2003, puis pillée par la foule, incendiée par les milices et rasée par les islamistes.
Que dirais-tu d'un chameau de fonction ?
« Il est entré dans la pièce comme s’il possédait l’immeuble. » Une phrase et on voit le personnage ! Et j’aime aussi les cheveux qui ont commencé à se désintéresser de ses tempes…
Ca fait plaisir de te lire à nouveau, Lilli. :)