Anonymes, 6
Par Eulalie le samedi 10 octobre 2009, 00:10 - Anonymes - Lien permanent
Il a le regard des petites frappes dans son genre. Du défi, un fond d'agressivité et pas la moindre lueur d'intelligence. Rien de brillant chez lui. Ses accessoires tape-à-l'œil, boucle d'oreille en zirco de la taille de son lobe, grosses chaînes de bagnard dorées, boucle de ceinture démesurée en forme de dollar incrustée de perles dorées et de brillants, semblent prouver qu'il s'en doute et qu'il cherche à rattraper la nullité de son être en aveuglant ses congénères. Et si cette technique ne fonctionne pas, il a un plan B ; on devine aux reliefs de son t shirt des muscles saillants, permettant probablement de faire voir les 36 chandelles réglementaires à qui ne se soumettrait pas.
Il parle fort et guette les réactions. Il toise les gens présents dans le wagon. Il provoque les hommes qui préfèrent retourner se faire absorber par leurs journaux. Il fixe les demoiselles à mèches avec un air dangereux. Lorsqu'elles baissent les yeux, sur son visage se dessine un petit rictus mauvais.
Il cherche la domination et l'affrontement.
Il trouve une cible proche de lui ; même habillé en wanna-be "caille-ra", ce petit jeune là reste trop minet et délicat pour être crédible. Ce sera sa victime.
Il s'approche de lui et place ses mains sur ses hanches et les poches arrières de son jean. Le minet, étonné de sentir deux mains sur ses fesses, prend ombrage et lui lance : "Me touche pas, sale pédé !"
Bingo.
Le vaurien démarre au quart de tour et joue de sa taille pour reprendre le dessus.
"J'suis pas un pédé, tu m'entends, pauvre merde ?!! De nous deux, la fiotte, c'est toi, fillette !" gronde-t-il en poussant violemment ses épaules.
Le minet tombe sur moi. Je suis déstabilisée et me cogne la tête contre l'une des rampes verticales en métal qui sont proches de la porte. Je ne pense qu'à retenir des deux mains mon sac dans lequel se trouve le netbook et le casque de mon amoureux et me tords la cheville. Les gens sont tellement occupés à ne surtout pas être dans ce métro que personne ne fait attention à ma chute.
La scène est violente. Le minet reprend son équilibre et essaie de sortir du conflit en adoptant une attitude de dominé ; il baisse les yeux et la tête, rentre son cou dans ses épaules, se voute légèrement et fixe le sol. Un instinct animal.
"Et tu me regardes, petite merde, si je te parle ! Hein, petite merde ?!! Tu me regardes, petit merdeux !!"
Les gens finissent par réagir. Un homme d'une quarantaine d'année s'interpose, pose sa main sur le torse de la petite frappe et lui demande de se calmer d'une voix douce et ferme. Amusé, il continue malgré tout à rugir.
Une petite dame prend la parole.
"- On va pas se laisser emmerder par des cons dans votre genre ! Merde, on est plus nombreux que vous ! Alors vous la fermez et vous arrêtez de faire chier le monde !!
- Calme toi mamie, je suis en train d'apprendre le respect à ce petit pédé, là !
- Je suis pas une mamie ! Et tu n'as de leçon de respect à donner à personne, c'est toi, la petite merde ! "
Je me dis qu'il y a des gens sacrément courageux quand je peine à ravaler mes larmes.
L'accompagnant de la petite dame lui demande de se taire.
Le vaurien se délecte de la situation. Son autorité n'étant plus contestée, il recommence à insulter le minet. Il le pousse à nouveau et essaie de le prendre au col.
Un nouvel homme s'interpose, pousse le minet derrière lui et fait face à la petite frappe.
Charles de Gaule Étoile. Je tremble de peur. La brutalité et les cris me tétanisent. Dans la confusion des gens qui tentent de sortir et de ceux qui s'entêtent à vouloir rentrer, le vaurien se faufile et frappe son bouc émissaire au visage. Un coup sourd, donné sans hésiter et pour le plaisir de frapper. Je suis entrainée vers la sortie par les gens qui descendent. Je me laisse porter par le mouvement. Incapable de réagir, j'entends :
"Ahaha et il pleure en plus le petit pédé ! Viens, viens, on sort, on va s'expliquer, petit pédé !"
Les portes se referment.
Je reste tremblante sur le quai.
Ma cheville lance.
Ma tête brûle.
Je remonte dans le métro suivant.
Je mettrai une heure à retrouver le contrôle de mes mains.
Combien de temps faudra-t-il pour accepter ma lâcheté ?
Ajout du 11/10/2009 : compte tenu des réactions (touchantes) à ce texte, je tiens à préciser que je ne suis pas blessée ; une petite bosse et une cheville tordue, vraiment rien en comparaison de l'agressé et de ce que je suis capable de me faire toute seule. J'ai eu beaucoup plus peur que mal.
Il parle fort et guette les réactions. Il toise les gens présents dans le wagon. Il provoque les hommes qui préfèrent retourner se faire absorber par leurs journaux. Il fixe les demoiselles à mèches avec un air dangereux. Lorsqu'elles baissent les yeux, sur son visage se dessine un petit rictus mauvais.
Il cherche la domination et l'affrontement.
Il trouve une cible proche de lui ; même habillé en wanna-be "caille-ra", ce petit jeune là reste trop minet et délicat pour être crédible. Ce sera sa victime.
Il s'approche de lui et place ses mains sur ses hanches et les poches arrières de son jean. Le minet, étonné de sentir deux mains sur ses fesses, prend ombrage et lui lance : "Me touche pas, sale pédé !"
Bingo.
Le vaurien démarre au quart de tour et joue de sa taille pour reprendre le dessus.
"J'suis pas un pédé, tu m'entends, pauvre merde ?!! De nous deux, la fiotte, c'est toi, fillette !" gronde-t-il en poussant violemment ses épaules.
Le minet tombe sur moi. Je suis déstabilisée et me cogne la tête contre l'une des rampes verticales en métal qui sont proches de la porte. Je ne pense qu'à retenir des deux mains mon sac dans lequel se trouve le netbook et le casque de mon amoureux et me tords la cheville. Les gens sont tellement occupés à ne surtout pas être dans ce métro que personne ne fait attention à ma chute.
La scène est violente. Le minet reprend son équilibre et essaie de sortir du conflit en adoptant une attitude de dominé ; il baisse les yeux et la tête, rentre son cou dans ses épaules, se voute légèrement et fixe le sol. Un instinct animal.
"Et tu me regardes, petite merde, si je te parle ! Hein, petite merde ?!! Tu me regardes, petit merdeux !!"
Les gens finissent par réagir. Un homme d'une quarantaine d'année s'interpose, pose sa main sur le torse de la petite frappe et lui demande de se calmer d'une voix douce et ferme. Amusé, il continue malgré tout à rugir.
Une petite dame prend la parole.
"- On va pas se laisser emmerder par des cons dans votre genre ! Merde, on est plus nombreux que vous ! Alors vous la fermez et vous arrêtez de faire chier le monde !!
- Calme toi mamie, je suis en train d'apprendre le respect à ce petit pédé, là !
- Je suis pas une mamie ! Et tu n'as de leçon de respect à donner à personne, c'est toi, la petite merde ! "
Je me dis qu'il y a des gens sacrément courageux quand je peine à ravaler mes larmes.
L'accompagnant de la petite dame lui demande de se taire.
Le vaurien se délecte de la situation. Son autorité n'étant plus contestée, il recommence à insulter le minet. Il le pousse à nouveau et essaie de le prendre au col.
Un nouvel homme s'interpose, pousse le minet derrière lui et fait face à la petite frappe.
Charles de Gaule Étoile. Je tremble de peur. La brutalité et les cris me tétanisent. Dans la confusion des gens qui tentent de sortir et de ceux qui s'entêtent à vouloir rentrer, le vaurien se faufile et frappe son bouc émissaire au visage. Un coup sourd, donné sans hésiter et pour le plaisir de frapper. Je suis entrainée vers la sortie par les gens qui descendent. Je me laisse porter par le mouvement. Incapable de réagir, j'entends :
"Ahaha et il pleure en plus le petit pédé ! Viens, viens, on sort, on va s'expliquer, petit pédé !"
Les portes se referment.
Je reste tremblante sur le quai.
Ma cheville lance.
Ma tête brûle.
Je remonte dans le métro suivant.
Je mettrai une heure à retrouver le contrôle de mes mains.
Combien de temps faudra-t-il pour accepter ma lâcheté ?
Ajout du 11/10/2009 : compte tenu des réactions (touchantes) à ce texte, je tiens à préciser que je ne suis pas blessée ; une petite bosse et une cheville tordue, vraiment rien en comparaison de l'agressé et de ce que je suis capable de me faire toute seule. J'ai eu beaucoup plus peur que mal.
Commentaires
Si ça peut vous aider à vous joindre à ceux qui ont tenté de l'arrêter la prochaine fois :
1/ Il est probablement pédé, sinon, c'est + que rare que les cailleras touchent le cul d'un autre mec.
2/ Vous n'avez pas été lâche, vous vous êtes tordu la cheville. Que vouliez vous faire à part vous préoccuper de vous ?
3 a/ Ayez toujours une boîte de cassoulet ou de compote format familial (ou cantine) dans votre sac, un bon geste exercé de fronde permet de se débarrasser des fâcheux.
3 b/ Sinon un spray au poivre anti-agression est tout aussi utile (on vaporise le délinquant juvénile dans les yeux, juste avant l'ouverture des portes, et on se groupe à plusieurs pour le pousser dehors d'une poussée vigoureuse du pied bien calé contre son thorax. Si il résiste à ladite poussée, un coup de latte dans les roubignoles devrait circonvenir à son refus de coopérer).
Le tout devrait vous valoir l'admiration du wagon (vous pouvez conclure magistralement par un "Non mais oh, on va pas se laisser emmerder" éviter les mots racailles, délinquants ou les termes racistes, ça pourrait porter à confusion !)
Je pense qu'il a plus tâté le contenu de ses poches que son anatomie, donc je ne concluerai rien sur ses orientations sexuelle. Et à vrai dire, peu m'importe.
Sinon, j'ai toujours un sac qui pèse un âne, polaroid et tutti quanti oblige. Cependant, en frappant avec un tel engin ou en usant d'un spray, j'ai surtout peur de me le prendre en pleine pomme.
Je continue à penser que j'ai fait preuve de lâcheté. J'aurais pu m'interposer comme les deux autres hommes.Tu vois, au moins essayer, juste essayer, au lieu de trembler comme une feuille dans mon coin. Sans prononcer de mots fâcheux qui, pour être honnête, ne me viennent même pas en tête. C'est vraiment "vaurien" et "petite frappe" qui viennent à l'esprit quand j'observe ce type de comportement, c'est à dire des mots qui collent selon moi à la personnalité et non des couleurs ou des orientations sentimentales.
c'est bien dans ce genre de situations que se révèlent certains pans de notre personnalité que l'on ne soupçonne pas toujours, que l'on préfèrerait parfois ignorer
mais dans ton cas, il est évident qu'il n'y a aucune lâcheté: il est clair que le pouvoir de la parole et du rappel à la raison ne fonctionne pas sur tout le monde, et lorsqu'on ne s'est jamais battu, ça n'est pas vraiment le meilleur moment pour voir si, malgré tout, un Chuck Norris ne sommeillerait pas en nous...
ne reste plus que les armes de défense, même si c'est malheureux d'en arriver là, mieux vaut des yeux qui piquent une petite heure qu'un gros coquard qui fait mal et fait tâche au bureau...
pour ma part, ce genre de situations me frustre énormément, je suppose comme toi, malheureusement, cela me donne envie de faire mal, des envies de vengeance pour contrer l'injustice.
plume à l'arnican sur ta cheville !
Le courage n'aurait pas forcément été de se battre, mais de s'imposer. De relayer les appels de la petite dame. De créer un mouvement de masse ; elle avait raison, nous étions plus nombreux. J'ai du mal à ne pas penser que tous, nous aurions pu éviter à ce petit mec de se prendre ce coup de poing. J'ai du mal à ne pas nous trouver coupables. L'absence de réaction est plus frustrante encore que l'agression.
Soigne toi bien surtout.
Ce n'est pas évident de faire face à ce type de personne simplement parce que tu fais du yoga, pas du kung fu.
De plus tu as subi un dommage collatéral, ce qui me choque c'est que personne ne s'est levé pour t'aider, pour te demander si tu allais bien. Tu as visiblement été choquée en plus d'être blessée.
Que tu te sentes coupable est surtout le retour du fait que personne ne t'a aidé ou protégé sur le moment alors que cela était nécessaire.
Heureusement il ne s'agissait que d'une altercation musclée, le petit jeune en aura pour un moment à soigner son ego, et surement le coup qu'il a reçu mais il réussira à s'en remettre et peut être à adopter un style moins tapageur et plus efficace dans un entretien d'embauche.
On ne peut pas toujours intervenir dans l'existence des êtres humains, ils ont des chemins à prendre, des routes à suivre.
Tu te demandes surement si tu aurais pu réagir dans une situation plus grave, il est probable que oui sinon tu n'aurais pas été aussi choquée par cette introduction à la violence.
Se souvenir que nous sommes des êtres faits de chers, se souvenir que dans notre société très sécurisante un être physiquement plus fort que nous reste un danger au même titre qu'un animal sauvage, c'est une chose importante, pour prendre soin de soi et savoir peu à peu comprendre que notre peur animale existe pour nous protéger du danger et non nous immobiliser.
Mais à force de ne plus la ressentir dans un monde trop doux, lorsqu'elle resurgit du fond des âges, on reste interdit, choqué, mal.
Quoi qu'il en soit à mon sens c'est probablement toi que cette histoire a le plus marqué. Je pense sincèrement que le terme lâche n'est pas adéquate je pense qu'au contraire ta réaction a été très intelligente.
Ne pas augmenter la dose, ne pas inciter à encore plus de colère. Quand un chien se met à aboyer et à grogner, on ne tente pas de l'exciter pour qu'il grogne et aboie encore plus.
Je compare effectivement souvent ce type de réaction d'humains aux hormones galopeurs qui imaginent que leur force seule peut leur ouvrir des portes, à des animaux. Car ils ne comprennent qu'un certain nombre de code.
Quand j'étais enfant, et que je promenais mon chien, je devais souvent faire face aux chiens errants du villages qui en voulait à mon canidé seul et accompagné de sa maitresse de 7 ans. Si tu ressens de la peur face à ce type de situation, la meilleure manière est de ne pas intervenir, car la peur excite , et de là elle augmente le danger.
Si tu sens que tu récupères peu à peu le contrôle physique de ton être, tu peux parler lentement mais fermement, avec des gestes modérés, sans regarder dans les yeux et sans t'approcher physiquement à portée.
Si la peur ne retombe pas, c'est que la situation est trop dangereuse pour que tu puisses intervenir, dans ce cas, il vaut mieux s'éloigner des que c'est possible. Au risque sinon d'aggraver la situation. Et éventuellement si la situation est déjà très dangereuse, prévenir immédiatement une personne habilité à le faire à ta place : police, garde, homme costaud ( ou femme costaude ), etc.
Quoi qu'il en soit aujourd'hui soigne ton cœur, ton âme et ta cheville, tu as fais ce que tu as pu et je suis soulagée que cette brute ne t'ai pas fais plus mal.
Que monsieur grou te masse tout les soirs pour avoir en plus sauvé son Netbook ( Albert ? Archi ? Theophile ? )
Si envie de papoter je suis toujours sur monsieur msn
Bisous doux
Aude
Merci, Aude.
Choquée, assurément. Et tu as raison lorsque tu dis que je dois me demander si je serais capable de réagir si une situation plus grave se présentait. Mais je n'arrive pas à la même conclusion que toi. Si je ne suis capable que de rester tétanisée dans mon coin en chouinant comme une fillette dans ce cas de figure, je ne vaudrais pas mieux si une situation pire encore se présentait. Voilà donc l'étendue de mon courage. C'est déstabilisant, comme constat. Je n'ai pas fait ce que j'ai pu ; je n'ai rien fait. Ce n'est pas de l'intelligence. On espère qu'on vaut mieux que ça, je pense, bercés de justiciers sans peurs, en livre, BD, dessins animés ou film. Les couards ne vont jamais nulle part. En même temps, j'aurais dû m'en douter ; j'ai une peur bleue des chiens ;) Et le Netbook est nommé "Sam-San" (le plus petiit des grannnds netbooooks !) :)
Si le voyou s'était attaqué à un enfant, est-ce que tu l'aurais laissé faire ? Il ne s'agit pas de lâcheté, mais de désarmement face à une situation violente mais finalement pas assez dangereuse pour surmonter sa peur. Si ça peut te réconforter, dis-toi bien qu'un jour, bientôt, ce jeune homme s'attaquera à plus frêle mais plus fort que lui et/ou qu'il se fera remettre en place par plusieurs personnes du wagon. Ce n'est qu'une question de temps. En tout cas, je suis désolée de ce qui t'es arrivé, c'est une vraie agression d'être confrontée à ce genre de violence gratuite.
Je ne sais pas répondre à ta question. Ces évènements me laissent penser que je laisserais la situation aux autres, comptant sur la force des gens. J'espère à présent très sincèrement me trouver toujours en compagnie de gens courageux qui sauront réagir.
Pour l'agression, c'est surtout le petit mec qui doit en ce moment se sentir mal. Je ne suis que "collatérale".
Merci pour cette trace de ton passage :)
Je partage pour ma part tes questions. Je pense qu'on voudrait tous être les gentils, mais on n'est pas tous des supermans, et l'instinct (peur/fuite/ tétanie) est une putain de force contre laquelle se battre, surtout que nous avons (dieu merci) peu d'occasions d'apprendre à réagir à de telles aggressions. Mais je trouve deux choses hyper-constructives dans ta réaction: 1) tu utilises l'incident pour apprendre (y repenser, se poser les questions, c'est augmenter tes chances de réagir "mieux" la prochaine fois; ça s'apprend, comme tout, il n'y a pas de honte à ne pas être née fille spirituelle de Kofi Annan et d'une Charlie's Angel), et 2) en en parlant ici, tu donnes à tes lecteurs l'occasion d'y penser eux aussi, et de peut-être eux-mêmes être mieux préparés. Bref, réactions constructives :) Prends bien soin de toi et de ta cheville! Bisous miss.
J'essaie en fait de faire en sorte que cette anecdote soit utile. D'en sortir quelque chose de constructif. Su cela eut en plus amorcer une réflexion, j'en suis ravie. :) Merci !
Dans ces circonstances, il est toujours plus facile de dire après coup "j'aurais du faire ceci ou cela, j'aurais pu faire autrement", dans le feu de l'action, c'est beaucoup plus dur...
Et puis n'oublie pas que dans le mtetro parisien, c'est chacun pour sa gueule, et les petites frappes sont parfaitement consciente qu'en agressant un quidam dans le metro, il a 95% de chance à ce que personne ne s'interpose. Et puis ce n'était pas à toi de t'interposer en premier !
Soignes bien bosse et cheville, Ô grande aventurière du metropolitain ;-)
Alors changeons nos mentalités ! Modifions nos comportements, et promettons-nous, la prochaine fois, d'essayer de lancer le mouvement ou de le suivre. Qu'on rentre chez soi avec l'impression d'avoir fait quelque chose de juste. :)
Ce n'est pas nécessaire de courir après les coups non plus, je trouve que tu as raisonnablement réagi. Sauf que je m'étonne que personne n'ait appelé la police, les portables que trainent tous les parisiens ça doit servir à quelque chose non ?
Appeler la police avec le dernier i-phone ? Mais, mon ours, vous n'y pensez pas, ils se les auraient fait voler :)
Et puis je me demande quel problème psychologique peut bien pousser un humain à s'attaquer à un autre comme ça, juste pour le plaisir de prouver... quoi au fait ?
Cela ressemblait soit à une façon de prouver son existence, soit à une manière de montrer sa force. Mais il est fort possible que j'interprète, lui seul sait pourquoi il a agi ainsi.
J'entre dans le débat moi aussi, et je suis content de savoir que tu t'en sors sans trop de bobos. J'ai un ami qui s'est interposé un jour, et qui l'a salement payé vu qu'il s'est fait tabassé à la place de la personne initialement visée.
Agir seul est en effet une folie... Je suis désolée pour ton ami.
Ce que je trouve dommage, c'est que l'élan de solidarité qui était pourtant bien amorcé ai été sapé par une personne trop craintive, le mec de la nana. Elle avait pourtant énoncé les arguments qui font mouche, il aura pas fallu beaucoup plus pour que la situation tourne au désavantage de ce petit con.
Oui, elle avait raison, et elle a fait ce qu'il fallait. Nous aurions dû la suivre. Elle a dû rentrer chez elle encore plus frustrée.
Bref... quant à savoir si tu as fait preuve de lâcheté ou non, tout le monde te dira que non, mais si toi tu pense que oui, c'est juste une affaire de conscience. Je te rassure, j'aurais pas forcément réagi mieux que toi... Ou alors je lui aurai sauté de toute mes forces sur le genou pour lui casser net, mais bon c'est peut être un brin radical.
Et là, c'est toi qui risque d'avoir des soucis s'il porte plainte, la réaction pouvant sembler disproportionnée. :)
C'est très courageux d'avouer ta "lâcheté".
Je pense que la majorité d'entre nous réagit de la même façon que toi en pareille circonstance, c'est à dire s'abstient justement de réagir. Par peur effectivement. Oui, nous avons peur de la brutalité gratuite et imbécile. C'est humain, c'est animal. Mais peu d'entre nous ose se l'avouer et encore moins l'avouer publiquement comme tu le fais. C'est bien de se remettre en question... et de nous remettre en question : oui, nous sommes lâches, souvent. Oui, il n'y a pas de quoi en être fier. Merci Eulalie de nous le rappeler. Mais surtout "rassures-toi" tu n'es pas la seule. Nous aussi...
Je ne veux pas juste le rappeler. Je voudrais réussir, à mon petit niveau, à donner envie de réagir. Il y a des cas de figure pour lesquels l'union est réellement une force. Sachons nous en servir. (Et hop, une bouteille de plus à la mer...) :)
Je n'arrive pas à rédiger mon commentaire ! Je voulais juste te dire que j'ai beaucoup apprécié ton texte qui rend compte d'une vraie question que tout le monde se pose mais surtout qui est très bien écrit ! Pour preuve j'en suis encore toute tremblante. Désolée que tu aies eu à vivre ça (et le jeune homme).
Merci Callisto, j'aime quand tu laisses des traces ici, et j'aime également beaucoup tes derniers écrits :)
Euh, la "lâcheté" ? Mais, non, tu n'as pas été "lâche", juste un peu (beaucoup) apeurée... enfin, peureuse, si l'on veut... mais, surtout "impuissante", "désarmée" devant les événements...
Tu ne décris pas le gabarit de l'agresseur (on a l'impression aussi qu'il était accompagné ?) ; mais, on peut facilement deviner sa corpulence plutôt "massive" (est-ce le cas ?), et surtout, en comparaison de celles du "minet" - que j'imagine plutôt freluquet - et de la tienne (plutôt "frêle").
Bon, c'est sûr, si tu avais été plus "courageuse", ou plus "sûre de toi", tu aurais pu t'interposer. A priori, la "brute" ne t'aurais pas prise pour cible ; sauf, bien sûr, si tu le provoques, du genre : "Eh, toi, la grosse tarlouze, au lieu de t'en prendre à un minus comme lui, viens plutôt te mesurer à Superlilli. Hein-hein-hein, tu te dégonfles ! J'm'en doutais : tapette ! Tout dans les bras, et rien dans les coui%%£$ !!!".
Il arrive (peut-être pas souvent d'ailleurs) que dans une situation similaire, certains propos peuvent être très venus, mais ils n'arrivent pas forcément à la bouche, surtout, si on est pris de court ! Donc, s'il y a une "lâcheté", elle est beaucoup plus "sociale" qu'individuelle... Et à la limite, ce voyou (qui peut aussi être vue comme une victime - de sa connerie) ne fait qu'en profiter...
(euh, j'veux pas dire - et je sais bien que les lois eulaliennes de la gravitation défient la raison - mais j'me demande encore comment tu as pu tomber : tu étais assise, non ?)
4è § :
"... certains propos peuvent être très BIEN venus",
Puis, plus loin :
"... Et à la limite, ce voyou (qui peut aussi être VU"
J'ai l'impression en effet qu'il était accompagné, mais je ne saurais dire si c'était réellement le cas. En tout cas, il était grand, oui, et vraiment musclé, du type de ceux qu'on croise dans les salles de musculation.
Le minet était en effet plus petit et bien plus mince, a priori pas musclé.
Quant à moi, je suis "normale" ;), et j'étais debout, non loin des portes, tenant l'une des deux barres centrales. Je suis tombée vers l'arrière, donc vers les portes, sur le côté. Pour une fois, j'ai utilisé les lois gravitationnelles usuelles :)
Je pense enfin que cette lâcheté "sociale" est fille de ces lâchetés individuelles. Je pense que si nous avions été plus nombreux à réagir, l'incident serait resté au niveau d'altercation sans dommages physiques. Il s'agit donc de lâcheté, j'ai été lâche, comme tous les témoins de cet incident, exception faite des deux hommes et de la petite dame qui ont tenté individuellement de réagir.
Quitte à redire, peut-être, ce qui a été déjà dit ici, tu n'as pas à rougir de ton attitude. De toute manière, je ne crois pas qu'on naisse courageux. Le courage, ça s'apprend, ça se développe, comme un muscle. Spontanément, on est tous lâches. On a tous peur. Mais, parfois, la colère l'emporte sur la peur, sa soeur jumelle. Et là, on oublie sa peur et on affronte le danger. Et parfois aussi, la peur reste la plus forte, nous submerge et nous paralyse totalement.
Par ailleurs, il est toujours difficile d'intervenir lors d'une telle situation qui, au début, n'est - en apparence du moins - qu'un échange verbal. Tant qu'il s'agit de cela, les deux interlocuteurs sont à armes égales. Le "minet" pouvait se défendre avec des mots. Il ne l'a pas fait, ou maladroitement. (Note bien que je ne le juge aucunement.) C'est au moment où les coups ont été portés qu'il était possible, légitimement, de réagir et de prendre la défense du plus faible. Car là, manifestement, il n'y avait pas équilibre des forces.
Etait-ce à toi de réagir dans ce cas ? Depuis quand as-tu ta ceinture rose et or de kung fu ?
Je me suis trouvé dans une situation similaire à deux reprises. La première fois, je n'ai rien fait, par lâcheté, et parce que je ne m'estimais pas le droit d'intervenir dans une discussion qui ne me concernait pas. Total, la "discussion" a dégénéré et ce sont d'autres personnes, plus proches que moi de l'altercation, qui sont intervenues. Je n'étais pas fier de moi, c'est vrai.
La seconde fois, j'ai demandé à l'agressant-intimidateur s'il faisait partie d'une sorte de "caméra cachée". Ca ne lui a pas plu, d'autant que ça a fait rire les gens qui, jusque là, prenaient leur mal en patience. En fait, effectivement, j'espérais détendre l'atmosphère. Et ça n'a réussi que partiellement. "De quoi tu te mêles, pauvre tache ? J't'ai causé ?" (Ou quelque chose du genre.) Je me suis levé et à peine étais-je debout que je m'en prenais une. Bon, d'accord, j'ai réussi à détourner sur moi l'agressivité qui, au départ, était dirigée vers un autre. Bon d'accord, je me suis senti fier de moi, pour une fois. Mais bon, je me suis surtout senti très vite très con, à me retrouver à moitié par terre, la tête entre les genoux d'une passagère qui ne savait pas comment réagir... "Euh... Ca va ? il vous a fait mal ?" (En fait son expression disait plutôt ceci : "Eh dis donc ! qu'est-ce que ta tête fait là ? mais veux-tu bien retirer ta tête de là, espèce de pervers, on a même pas été présentés !") "Non, non, tout va vien, fe n'est rien. Vous n'auriez pas vu mes infivives ?" (Non, rassure-toi, ce n'en était pas à ce point !) :)
Bref, tout cela pour dire qu'il est impossible de savoir comment on va réagir dans ce genre de situation. Tout dépend du degré de colère, qu'on a en soi, du taux d'agressivité qu'on a accumulé dans la journée, de la fatigue ou de la force qu'on ressent en soi. Tu n'as pas su comment réagir car la peur t'a empêchée de réfléchir et t'a coupé toute velléité d'action. Mais ça ne fait pas de toi une lâche. Loin de là. Car les lâches ne sont jamais conscients qu'ils sont des lâches.
Surtout, SURTOUT, je suis content que tu ailles bien.
Je retiens de cet épisode et des échanges qui en ont découlé que le courage s'apprend. C’est quelque chose dont je n’avais pas conscience.
Ceci dit, je pense que faire preuve de courage ne peut et ne doit pas être fonction de la force physique. Je suis une personne maladroite et j’ai vraiment peu de force, j’en suis tout à fait consciente. Mais laisser l’avantage à des connards sur l’unique raison qu’ils sont plus forts physiquement, je ne suis pas en mesure de l’accepter. C’est peut-être encore naïf de ma part, mais je continue à croire au collectif (ouyouyouille, tous ces matchs de foot me font du mal !) et à l’intelligence. Je n’aurais en revanche pas l’idée de faire appel au sens de l’humour, je n’oserais pas compter sur l’esprit d’un vaurien qui cherche par la force à se prouver quoi que cela soit.
Je pense qu’en tant qu’individus et êtres humains, nous aurions tous dû réagir. Et je me compte dans le lot, même sans ceinture de kung fu.
Et je crois que c’est bien d’avoir pris conscience de ça :)
Mince, j'avais zappé ce post !
Eh bien ma grande, on t'a fait des misères ?
Tu n'as pas fais preuve de lâcheté, juste d'instinct de survie. Tu n'es pas taillée pour ça. Même avec plusieurs intervenants. Si tu te retrouvais prise dans une bagarre collective, tu irais une fois de plus embrasser le décor.
Ca me rappelle une histoire qui est arrivée il y a une trentaine d'années, dans le métro également, à un collègue de mon père.
Le gars était en costard-cravate et arborait un énorme bide (il devait faire dans les 140 kilos pour 1m85/1m90).
Du coup une petite frappe du même acabit que "la tienne" s'est crue autorisée à lui lancer : "Casse toi, gros lard !" pour s'octroyer sa place assise.
Seul imprévu : le "gros lard", le week end, se transformait en biker tendance Hell's Angels et bastonnait à tout va. Du coup le loubard a craché toutes ses dents par terre, en plus de quelques côtes enfoncées.
Et dis toi que la prochaine fois, si tu comptes intervenir, laisse tomber le yoga pour la krav maga, juste au cas où tu te retrouverais toute seule face à l'ennemi.
J'espère qu'au bout d'un mois maintenant tu as digéré cette mésaventure et que tu n'en as pas fait des cauchemars.
Allez, grosses bises pour te réconforter.
P.-S. : tu devrais emmener Cosaque avec toi quand tu prends le métro ;-)
P.-S. 2 : bon, dans l'histoire, c'est quand même Ringo qui est responsable au départ. S'il t'avait accordé ton poney de fonction... :D
Je découvre aujourd'hui ce fabuleux blog!
Alors, le courage... bonne question... ça se trouve où? ben dans l'expérience... Je te raconte un peu ce qu'il m'est arrivé? Il y a 10 ans, j'ai vu mon père faire sa dernière attaque cardiaque. Enfin, vu, j'ai juste été appelée par ma mère hurlante qui m'a sommée d'aller tout de suite téléphoner au 15 pour faire venir les secours. Mon père était grand cardiaque, on savait que celle là serait la dernière, mais réflexe, on appelle les secours. Ben j'ai passé au moins une minute à hurler au combiné que MON PERE VA MOURIR VENEZ VITE!!! au lieu de leur dire où on habitait, et ce dont souffrait mon père (beaucoup plus efficace pour qu'ils arrivent!). M'en suis voulu pas mal, mais bon, au moins, il est parti dans son sommeil, et si il avait été ranimé, ça n'aurait pas été sans dégâts très très graves.
Par la suite, je m'en suis beaucoup voulu de mon comportement tout de même, cette incapacité à réagir, et effectuer les gestes d'urgence... je me suis inscrite à une semaine de cours de secourisme. Là, première surprise, on t'apprends les choses à faire dans l'ordre, et surtout, ne jamais changer l'ordre :0/ identifier le soucis 1/ se protéger soi même 2/ sécuriser la personne blessée 3/ commencer les premiers gestes et appeler ou faire appeler les premiers secours. Oui oui, le premier truc à faire après avoir vu le soucis, c'est de prendre soin de soi!!! ben oui, une personne avec le doigt dans la prise, si tu cherches d'abord à la retirer de la prise, ben... tu te fait électrocuter avec! donc d'abord chercher le compteur et couper toute l'électricité. Et tout comme ça. Si tu veux pouvoir aider, il faut que tu puisse le faire sans te mettre en danger et que d'autres soient obligés d'aller te secourir (ce qu'ils ne feront peut-être pas, vu que pas formés aux secours) et que ce soit la pagaille généralisée. Après, une fois que tu t'es assurée que tu es en capacité d'aller secourir, tu y vas, et surtout, ne pas oublier d'appeler les pros qui viendront prendre la relève (pour le massage cardiaque, genre, ou déplacer la personne tombée dans les pommes).
Depuis, ça ne m'a servit que 2 fois, mais après, j'étais fière : empêché un gamin de s'étouffer, et mis une personne en position de sécurité et appelé les pompiers pour une dame que s'est évanouie devant moi. Je n'avais pas peur, je savais quoi faire, j'avais pratiqué lors du stage, les gestes et les paroles sont venus rapidement. Pas du courage, non, mais ne plus avoir peur de mal faire, et savoir que l'on a un peu aidé.
Donc, dans ton cas, un stage d'auto-défense? non?
Je te remercie. Merci d'avoir pris le temps d'écrire tout cela, d'avoir partagé ton histoire et ton expérience, merci d'avoir trouvé des mots pragmatiques qui font du bien. Merci pour tout ça, et bienvenue ici :)