lundi 17 février 2020

Hakodate Hachimangu

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Le gérant de l’hôtel n’avait pas menti ; la neige avait bien commencé à tomber pendant la nuit. Et en bons couillons, nous avons mis à l’épreuve l’étanchéité de nos habits pour rejoindre à pied ce beau sanctuaire shinto. Nous étions six à avoir eu cette idée, et les 4 autres sont repartis sitôt les amulettes achetées. Est-ce que certaines conditions climatiques rendent les sanctuaires plus beaux ? Le Hakodate Hachimangu n’a rien à voir avec le Washihara Hachimangu de Tsuwano, mais cette visite sous la neige, le vrai calme serein qui s’en dégageait m’a rappelé cette visite de Tsuwano sous la pluie battante en mai 2019. Pas de pluie qui cascadait le long de l’édifice, mais des sons si doux, si étouffés que nous nous sommes surpris à chuchoter.

Avant de repartir, la vieille dame souriante du shamusho a fait glisser la petite fenêtre de l’office pour m’offrir un omikuji (horoscope) qui contenait une petite breloque du même jaune que mon sac à dos.

Le texte était en gros le suivant : l’échec est la source du succès. Ne perdez pas de vue vos rêves et vos espoirs.

dimanche 16 février 2020

Hakodate Yama, Hakodate, Hokkaido

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À peine arrivés à l’hôtel, le gérant nous a dit qu’il fallait absolument aller au mont Hakodate là, maintenant, tout de suite, car la neige était attendue dans la nuit et que cela rendrait toute ascension impossible pour les trois prochains jours. Je pense que ça lui tenait drôlement à cœur de prévenir tout le monde, parce que là-haut, il y en avait, du monde. Le funiculaire déversait les touristes 100 par 100. Le ballet des arrivées et départs donnait un peu le tournis ; nous n’avions pas croisé grand monde jusque là. Sur l’observatoire, les photographes amateurs se déchiraient avec les touristes professionnels pour poser leurs trépieds. Alors une rapide photo à travers la vitre du funiculaire et hop, au bain.

L’océan

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Comme à notre (mon ?) habitude, à force d’avoir peur de rater le train, nous arrivons avec trop d’avance. Le vent est glacial, mais il chasse les nuages. En bas de la rue se trouve l’océan pacifique.

Les Japonais n’ont pas l’air d’apprécier les plages comme nous. Elles sont rarement aménagées pour la baignade ou le farniente, revêtant apparemment plus un côté utilitaire. Celles qu’on a vues jusque là, notamment l’année dernière, étaient souvent jonchées de tonnes de détritus portés par les vagues.

Mais celle-là, oh, celle-là ! Avec barques et filets, et les montagnes enneigées au loin, et le vent qui nous mordait les joues en plus de nous porter l’odeur du sel et du sable !

samedi 15 février 2020

Mont Usu

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Cette photo ne donne rien.

Elle ne dit pas que le Mont Usu est un volcan en activité qui a provoqué de nombreux dégâts, elle ne montre rien des dômes de lave, rien des fumerolles du cratère.

Franchement, je ne sais pas qui l’a prise, mais si j’étais vous, je ne la regarderais pas.

La presque chambre, Tōyako onsen, Hokkaidō

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Sur le papier, l’hôtel est fantastique : toutes les chambres jouissent d’une vue exceptionnelle sur le lac Tōya et, quand le temps le permet, sur le mont Yotei. Onsen immense, piscine, salle de jeux et d’arcades, jardin japonais, petit-déjeuner pantagruélique avec même des intestins de calmars au sel. Il ne manque qu’une bonne vieille laverie.

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Mais cet hôtel se réserve le droit de respecter ou non les requêtes faites au moment de la réservation. Cette belle chambre était à un étage fumeur et sentait très fort la vieille clope, notamment dans la salle de bain qui aurait mérité un coup de neuf (et un cendrier propre). Obtenir une chambre non fumeur nous a coûté 12000 ¥ de plus pour deux nuits (environ 100 €).

Cela ne retire rien à la beauté du lieu, mais mon portefeuille est un peu amer.

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vendredi 14 février 2020

Tōya-ko, Tōyako onsen, Hokkaidō

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La chance que nous avons eue, cette fois encore ; la brume se disperse dans l’après-midi, le ciel bleuit l’eau du lac de caldeira, le pêcheur lance sa ligne et le Mont Yotei, surnommé Ezo Fuji, le Fuji d'Hokkaidō, apparaît. Clic !

Le marché aux poissons de Nijo, Sapporo

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En centre ville, à deux pas de la Tour de Sapporo, un marché où les crabes royaux, hanasaki (courtaud poilu), zuwai (longues pinces) ou le kegani (petit poilu) se côtoie brièvement le temps de se faire croquer par des queunottes féroces.

On peut aussi y déguster des oursins et des coquilles St Jacques, mais restons sérieux, pourquoi diantre ferions-nous ça ?

jeudi 13 février 2020

Mont Moiwa, Sapporo

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Levés à 6h30, après un petit coup de métro, nous prenons le tramway à pédales de 8h. Une fois libérés de son extrême lenteur, nous patinons sur une légère côte qui n’aurait pas causé le moindre problème si elle n’avait pas été recouverte de neige verglacée. Quelques grands écarts latéraux plus loin, nous voilà prêts à embarquer dans le funiculaire pour accéder au sommet du Mont Moiwa, sans savoir que la première montée était à 11h. Il était 9h. Bon.

Quelques grands écarts faciaux plus bas, nous voilà en quête d’un café. Nous finissons par en trouver un qui ouvre à... 10h30.

Oh Sapporo ? Tu te lèves à quelle heure le matin ??

Nous passons finalement le temps à regarder une voiture sortir de sa place de parking, dans ces fameux ascenseurs à plusieurs étages, puis à examiner les produits en vente dans le konbini du coin.

Sapporo est plus grande que ce que je pensais. Plus carrée aussi. Le vent vient parfois essayer de nous mordre les mentons, mais cette fois nous avons des masques.

L’air était froid et vivifiant.

Rien n’augurait du fait qu’un corbeau allait bientôt essayer de me racketter mon sandwich tonkatsu. Mais ça, c’est une autre histoire.

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mercredi 12 février 2020

Hokkaidō Jingū, Sapporo

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Afin de commencer ce nouveau voyages sous les meilleures auspices, un petit tour au parc Maruyama qui abrite ce sanctuaire shinto.

Le manteau blanc est si dense que le calme n’est troublé que par les protestations de la neige à chacun de nos pas et les croassements des éternels corbeaux.

C’est ce que j’espérais, après ces mois trop chauds, trop doux : l’hiver, le vrai. Celui qui mord les joues et rend visible chacune des expirations. Le bonheur de me glisser dans des vêtements moelleux et confortables.

dimanche 26 janvier 2020

De la logistique

« Tu es bien la seule personne à inclure les jours de lessive dans les plannings des vacances. »

Comment ça, je suis la seule personne à inclure les jours de lessive dans les plannings des vacances ? Comment ça, « on ne fait pas de planning de vacances » ?

Mais comment vous savez avec combien de changes partir si vous ne définissez pas en amont les hôtels avec laverie et/ou les laveries en libre service accessibles dans un rayon de 10 min à pied de l'hôtel ?

Non mais bientôt vous me direz que vous ne vérifiez pas non plus les horaires des bus de ville un mois avant le départ, ni ne panachez le programme journalier d'activités intérieures et extérieures avec une clé de répartition musées / jardins / salles d'arcade ?

(Bon, à ma décharge, ce sont pas des jours de lessive fixes, hein, si on croise des petites machines sympa deci delà, je ferai bien sûr l'aumône de quelque linge car je ne sais pas résister aux machines à laver le linge. Non, ce sont les jours où il sera nécessaire de laver nos habits si on veut continuer à faire briller la France à l'étranger grâce à nos vêtements impeccables et frais.) (C'est qu'on s'autorise quelques petites folies le long du voyage. Il nous est par exemple arrivé d'intervertir des journées !)

lundi 27 mai 2019

Rooftop de Seibu, Ikebukuro, Tōkyō

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Iké, c’est notre tier-quar, notre porte sur Tōkyō. Le premier coup de foudre lors de notre premier voyage alors que la mégalopole était à l’origine un passage obligé vers les destinations de mes rêves. Habitant à Paris toute l'année, je ne voulais pas passer de temps dans une grande ville. L’agent de voyage a insisté. Il a eu raison.

Et ce magnifique rooftop arboré, avec sa pièce d'eau surmontée d'un petit pont, est à seulement 18h porte à porte de chez nous. Notre tier-quar j’vous dis.

dimanche 26 mai 2019

La nuit à Fukuoka

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À partir de 17h, les yatai, l’un des symboles de Fukuoka, commencent à se mettre en place. Ce sont des petits restaurants mobiles en bois qui tiennent à l’arrière d’un deux roues. Une fois dépliés et installés, ils sont composés d’une cuisine et d’un comptoir de 6 à 8 places. À 5h du matin, ils doivent être repliés et la zone doit être propre et débarrassée.

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Le centre commercial Canal City est bien sûr toujours ouvert et les façades se transforment grâce aux lumières. On y joue même à Space Invaders, les applaudissements faisant office de manettes

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jeudi 23 mai 2019

Mont Inasa, Nagasaki

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Évidemment, le point de vue est superbe. Évidemment, le coucher de soleil est magnifique et la baie est somptueuse de nuit.

Mais le top du top, c’est qu’un funiculaire vous dépose en haut et qu’un ascenseur vous emmène au dernier étage de la tour, où souffle un air délicieusement frais, faisant bruisser la canopée. Bon sang que j’aime les canopées. On dirait de la petite mousse. J’adore la petite mousse.

Il ne manque qu’une bonne petite tyrolienne.

mercredi 22 mai 2019

Nagasaki et kasutera

Nagasaki, c'est l'origine des castellas, ces délicieux gâteaux moelleux et légers. Quand les missionnaires portugais sont venus jeter un œil au XVIe siècle, leurs bagages étaient pleins de bibles et de gâteaux. C’est malin. On écoute plus volontiers les gens qui nous donnent des gâteaux.

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(Ici nous ne dirons pas que je ne les ai pas trouvés si fantastiques, les castellas de Nagasaki, et que je leur ai préféré celui de la boutique « Castella do Paulo » qui se trouve à Kyōto, près du Kitano Tenmangu.)(Non, nous ne le dirons pas.)(D'ailleurs, je n'ai rien dit.)

Les cartes postales

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Soleil écrasant. Chaleur étouffante. Même les carpes du canal sont ramollo. Décidons de nous mettre au frais dans un magasin de souvenirs.

Un sachet de cartes me tape dans l’œil, mais il ne reste que le modèle d’exposition. Je demande poliment si je peux l’acheter : regards incrédules de l’assistance de vendeurs qui se réunit pour étudier mon cas. Le plus âgé coupe court à la discussion. Il saisit son portable tandis que la femme en kimono file en remise avec le combiné du magasin.

J’ai lancé quelque chose qui me dépasse : les voilà en train d’appeler tout Nagasaki pour trouver lesdites cartes. Au bout de quelques minutes, l’homme raccroche et sort en courant. (Je rappelle que soleil écrasant et chaleur étouffante.) Il finit par revenir, triomphant (et frais comme un gardon, prenez exemple, les carpes ramollo !), le sachet de cartes dans les mains. Mais il ne me les donne pas ; à présent, ça s’active dans la remise. On cherche le bon emballage. On déplie, replie, s’applique et me tend un paquet parfait.

Un jour, j’ai demandé dans une librairie parisienne s’il était possible de commander un livre en anglais.

« Non. »

mardi 21 mai 2019

Tsuwano, Shimane

Le voyage jusqu’à Tsuwano est superbe ; de Matsue à Masuda, le train longe la mer du Japon, puis de Masuda à Tsuwano, rizières et montagnes. Les guiboles nous démangent et nous n’avons qu’une après-midi pour visiter les lieux d’intérêt : nous louons des vélos.

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Premier arrêt, le sanctuaire Taikodani Inari, relativement récent (18ème siècle). De la route, on voit les toris rouges qui serpentent à flanc de montagne. 263 marches et 1000 toris plus tard, nous voilà en haut, dans un air plus frais mais toujours aussi moite. Les bâtiments sont superbes et les tambours résonnent.

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Et puis la pluie. D’abord de fines goutteletts, puis une brumisation, suivie de grosses gouttes d’orage et enfin le déluge. Nous finissons par nous abriter sous l’auvent d’un petit garage, couvrant nos pieds de nos parapluies qui jusque là n’avaient servi qu’à protéger nos têtes de l’écrasant soleil. La pluie chaude fait remonter la moiteur de la terre. Ça sent la mousse. Le sanctuaire n’est plus qu’à quelques coups de pédale, nous décidons de retourner sous la douche.

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Et le voilà, le coup de cœur. Dans une brume de chaleur, d’un rouge terreux et mat, coiffé d’un toit de chaume, il se dresse au milieu de son écrin vert avec sa plaque d’entrée écrite en calligraphie oiseau. L’orage disperse les touristes ; nous voilà seuls. Les gouttes de pluie qui tombent remplacent les habituels taikos. Les pigments des bâtiments se diluent dans l’eau, rougissant la pluie qui cascade dans la mousse et les hautes herbes. Trempée pour trempée, j’explore l’arrière du sanctuaire et prends un peu de hauteur. Les petits moulins de bambou tournent de façon imperceptible.

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Est-ce ce lieu qui ralentit le temps ? Même la pluie semble tomber plus lentement. Ah non, c’est la fin de l’ondée. Il faut à présent, dans nos fringues dégoulinantes, chevaucher nos vélos ruisselants pour aller s’égoutter sur le tatamis du prochain ryokan. L’onsen sera-t-il encore rempli à ras bord de mamies ? Suspense.

La propriétaire du ryokan nous accueille chaleureusement malgré nos trombines de chiens mouillés. La vieille bâtisse noble a deux escaliers ; le premier est réservé à la montée, le second à la descente. Le thé vert fumé d’accueil est un délice.

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Je n’ai jamais pu manger autant de choses dans un ryokan. La découverte gustative de ce voyage sera sûrement l’assiette de sashimis : pétoncle, maquereau, chinchard, limande, accompagnés de vrai wasabi et d’une feuille de shiso. La nuit, le vent rejoint la pluie. Les moustiquaires claquent contre les vitres coulissantes en bois et s’invitent dans mes rêves sous forme d’esprits qui veulent se mettre à l’abri à l’intérieur. Sont-ce eux qui ont dissipé les nuages ?

Je crois qu’il y a un peu trop d’histoires dans ma tête.

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vendredi 17 mai 2019

Izumo Taisha, Izumo, Shimane

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Izumo est le « pays des dieux ». C’est en effet dans cette région que commence le mythe de la création du Japon. Izumo Taisha est le sanctuaire du dieu Ōkuninushi, considéré comme le fondateur de la nation japonaise (avant de laisser la main à Amaterasu, déesse du soleil, dont est issue la lignée impériale). Ōkuninushi, c’est un descendant du dieu Susanō (« auguste mâle impétueux »), lui-même fils du dieu Izanagi et de la déesse Izanami qui ont créé les îles qui devinrent le Japon. Pas de la gnognotte.

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Tout est démesuré dans ce sanctuaire : les allées sont larges et bordées d’arbres centenaires, le haiden et le honden (24 m de haut actuellement, de récentes recherches indiquant qu’il mesurait originellement 48 m !), le kaguraden et sa corde sacrée fabriquée à la main de 13m de long... mais il faut bien ça pour accueillir, tous les dizièmes mois du calendrier lunaire, toutes les divinités shintoïstes du Japon pour leur grand rassemblement annuel.

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Dans le sanctuaire, on retrouve beaucoup de statues de petits lapins. On m’a expliqué que dans le Kojiki, les « chroniques des faits anciens », il est indiqué qu’Ōkuninushi et ses 80 frères (ça plaisantait pas, la natalité, chez les dieux) convoitaient tous la même princesse. Mais les 80 frères étaient des brutes stupides du genre à harceler les petits lapins. Ōkuninushi, qui était un bon gars, croisa un jour un spécimen qui était venu des îles Oki à Izumo en surfant sur des requins (ou des crocodiles, ça dépend de la traduction)(nous, on a pris le ferry, je pense qu’on a eu raison), mais qui avait été blessé pendant le voyage. On se demande bien pourquoi. Il lui conseilla une source et un remède, et le lapin reconnaissant, qui n’était autre que le dieu lapin Inaba, lui prédit que ce serait lui que la princesse choisirait. Ce qui ne l’a pas empêché de prendre moult épouses pour avoir ses quelques 180 rejetons, parce que la fidélité n’est pas l’apanage des dieux et qu’on ne plaisante pas avec la natalité tudjieu !

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jeudi 16 mai 2019

Yūshien, Matsue, Shimane

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C’est par bus qu’on accède à la petite île qui se trouve au centre du lac Nakaumi. Depuis la route, on n’imagine pas la splendeur qui nous attend derrière les portes. Les nuances de verts, les textures des troncs, les lignes des feuilles, la mousse qu’on souhaiterait parcourir pieds nus, les touches de couleurs franches et vibrantes des pivoines, nénuphars, iris et du pont rouge.

Mais aussi les passages de l'ombre à la lumière, les perspectives, les carpes dans le bassin, les cours d’eau et petites cascades, les ombrelles des quelques pivoines...

Nous empruntons chaque allée qui croise notre flânerie. Nous nous asseyons sur chaque banc pour profiter des tableaux créés par des jardiniers.

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J’aime tellement la mise en scène des jardins japonais, le soin apporté aux détails. J’ai lu l’année dernière l’article d’une voyageuse qui expliquait qu’ils transpiraient la résignation. Elle les comparait à des petits cercueils agrémentés d’arbres rabougris et recroquevillés. Je pense à ses mots à chaque visite ; où sont les arbres rabougris et recroquevillés qu’elle a vus ?

Horikawa yuransen, Matsue, Shimane

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Nous sommes arrivés à l’embarcadère alors que le bateau était prêt à partir. Il était rempli de bacs de carpes que le batelier devait livrer au bureau des jardins et des étangs avant 11h. Ou alors c’était rempli de mamies japonaises, mais ça m’étonnerait quand même un peu.

Lorsque le Grü est monté à bord, toutes les carpes (à moins que ce ne fut des mamies japonaises ?) ont averti ensemble « Atama ! Atama ! », mais ça n’a pas loupé, il s’est cogné la tête en rentrant s’asseoir.

Le batelier ne parlant pas vraiment anglais (et encore moins français), la mamie carpe la plus jeune est venue s’asseoir à côté de nous pour nous traduire les anecdotes et blagues. C’était très joyeux.

Pendant les 50 minutes du circuit, le toit s’est baissé 4 fois pour passer sous des ponts vraiment très proches de l’eau, faisant pouffer comme des collégiennes les mamies carpes parce que les grands benêts qui se plient en deux, y’a pas plus fendard. Humour de mamies carpes.

J’ai acheté la photo souvenir à la fin, même si je ressemble à un bouledogue albinos et si le tarif était prohibitif, pour garder en mémoire leurs trombines hilares de chouettes mamies carpes.

mercredi 15 mai 2019

Le retour à Honshū

Les pèlerins de l’aller ont été remplacés par des randonneurs centenaires équipés de bâtons de marche. Le ferry en déverse une vingtaine à chaque île. Je suis jalouse du temps qu’ils passeront là-bas alors que nous devons déjà retourner sur Honshū, mais j’ai tout de même envie de leur crier par dessus bord « Rationnez vos BN ! Sinon ils vous donneront des huîtres frites ! ».

À bord, nous sommes interviewés par la télé.

Interviewer, content de tomber sur deux occidentaux - Vous étiez à Nakanoshima ?
Eulalie, hyper à l'aise - Oui !
Interviewer, content de tomber sur des occidentaux en mesure de répondre en japonais - C'était comment ?
Eulalie, à fond - Très joli.
Interviewer, en mode mitraillette - Et Ama ?
Eulalie, sentant l'embrouille venir - Très joli !
Interviewer, en mode investigation - Pourquoi êtes-vous venue ici ?
Eulalie, cherchant l'accès à son vocabulaire - Parce que... c'est très joli.
Interviewer, sentant l'embrouille - Comment avez connu les îles Oki ?
Eulalie, maudissant son vieux cerveau stupide - Par un ami qui m'a dit : "c'est très joli".

J’espère qu'il n'y aura pas trop de coupes au montage pour que chacun puisse bien saisir la complexité de ma pensée - et l'étendue vertigineuse de mon vocabulaire. Je suis très heureuse d’avoir pu transmettre un peu de ma sagesse.

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